Dormant dans son fauteuil elle a, de son enfance,
Cet abandon gracieux et fragile à la fois,
Sur la pointe des pieds vers elle je m'avance,
Pour ne pas l'éveiller je retiens chaque pas.
Elle est toute petite en son fauteuil immense
Qui lui fait un écrin pour son corps maladroit.
Corps brisé, tout usé, tout empreint de souffrance,
Or, malgré ses douleurs, elle ne se plaint pas.
Elle a, sur ses cheveux, répandu de Guerlain,
Jardins de Bagatelle, et son visage lisse
- Où je compte à son front moins de rides qu'au mien -
Avec ses mains posées sur sa longue pelisse
Rose et blanc se balance, embaume et semble tel
Qu'en notre humble jardin ce grand lys éternel.
Lisette, 29 mars 2007