Ô fleurs, vous a-t-on dit que vous étiez sublimes,
Quand soudain le jardin s'allume sous vos feux
De nacre et d'or mêlés qui ravissent les yeux
Du poète étonné, voyant fleurir ses rimes ?
Car Tulipes, la Muse a pris votre visage,
Elle est le photophore et le flambeau des dieux
Que les soleils couchants envient, mystérieux
Sceptre de la Beauté, de l'Art que l'on partage.
La Muse est en gants noirs et porte des corsages
Aux couleurs du Printemps taillés selon ses voeux,
Ses cache-coeurs lui font un corps voluptueux,
Son parfum est discret, ainsi que son langage.
Ô fleurs, lorsque passant près de vous je soupire,
L'esprit tout obscurci par le sort malheureux,
Il suffit de plonger en votre âme mes yeux
Pour qu'aussitôt mes pleurs se changent en sourire.
Êtes-vous de la terre ou du ciel, ô calices,
Ô vases du Japon, ô charmants petits oeufs
De Pâques haut perchés sur vos tiges bien lisses ?
Quels secrets cachez-vous, mes fleurs, en votre lyre,
Est-ce l'amour vivant de Tristan et d'Yseut ?
Lisette 13 avril 2007