Toute la poésie s'est enfuie de mon âme
Et toutes les couleurs ont fui de mon pinceau.
Ainsi qu'un spectre errant, au hasard je me pâme,
Transparente je vais, l'oeil blafard et l'air sot.
Je regarde passer le temps comme l'esclave
Enchaînée qui ne peut lutter contre son sort,
Plus je tente de fuir, plus mon état s'aggrave,
A la fin j'abandonne et ne fais plus d'effort.
Et tandis que l'oiseau chante une mélodie
Au ciel indifférent qui me brûle les yeux,
Tandis que chaque fleur, dans sa mélancolie
Des étés déjà loin, se vêt d'habits soyeux,
- Je demeure étrangère et soudain m'interroge :
Pourquoi faut-il souffrir en attendant de toi
Un improbable amour ? Et compter sur l'horloge
Du temps six mille jours le coeur meurtri d'effroi,
Où les couleurs n'ont plus que le noir pour étreintes,
Où les mots restent blancs, comme privés de sens,
Quand le baiser se meurt sur des lèvres éteintes,
Quand, aux Muses, l'Espoir rugit : "Allez-vous-en !"
Lisette, 18 Juillet 2007
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