Il dort non loin de moi et je l'entends ronfler
voici des vers curieux pris à l'instant qui fuit
des vers de mirliton sur le coup de minuit
il est tard, il fait noir, le jour s'en est allé.

Il dort non loin de moi et j'entends qu'il respire
tandis que mes dix doigts courent sur le clavier
dehors le rossignol s'égosille et je tire
mes cheveux hérissés pour rester éveillée.

Il dort non loin de moi et mes yeux sont ouverts
je me dis que je suis sur une autre planète
il y a comme un clou enfoncé sur ma tête
qui m'épuise et m'ennuie et blesse chaque vers.

Il dort non loin de moi et voici le silence
je vais fermer mon coeur pour ne plus réfléchir
quoi que j'aie médité je n'ai fait que souffrir
mon cerveau s'est brisé comme un bol de faïence.

Il dort non loin de moi et je clos mon poème
encor une nuit longue et courte où nul repos
ne viendra reverdir mon pauvre ciboulot
ni décrisper mon front, rosir mes lèvres blèmes.

Il dort non loin de moi sans m'avoir dit "Je t'aime".
*****
Lisette, 2 juin 2007