Je ne fume point l'opium comme Baudelaire
Et l'absinthe est absente au bistrot désolé ;
La nuit m'accable et pousse un cri tout étoilé
Tandis que je frémis en mon antre polaire.
La douleur et l'ennui, afin de me déplaire -
Couple affreux, claudiquant, tout de noir affublé,
Ont dansé sur mon front si bien que j'ai tremblé
Sous les coups de leurs pieds, lourds et patibulaires.
Non ! Rien ! Pour apaiser l'angoisse et la tristesse
Et sombrer dans l'oubli, nul philtre ni liqueur !
Contre les cruels crocs déchiquetant mon coeur
De monstres dévoreurs au gros oeil qui m'oppresse :
Un amer comprimé. Il m'endort un moment
Mais au réveil me livre à mille autres tourments.
Je ne fume point l'opium comme Baudelaire
Et l'absinthe est absente au bistrot désolé ;
La nuit m'accable et broie le ciel tout affolé,
Tandis qu'en frémissant je pleure, solitaire.
Lisette, 11 août 2008