Partout des griffes et du sang
Partout des visages fermés
Partout paroles maudissant
Partout haine et stupidité !

Encore et toujours la guerre
Encore et toujours l'alarme
Encore et toujours l'épeire
Encore et toujours les larmes !

Nombrilisme et auto-gloriole
Narcisse des quatres saisons
Egotiquement cabriole
Sur le vert froid de ses gazons !

Pas de printemps ni de répit
La poésie a fait son temps
Inlassablement ne se lit
Que du vide et des cris perçants !

Rien ne vient - parfois c'est miracle ! -
Par quelque beau vers éclairer
Cette toile où l'on fait obstacle
A la plus pure des pensées !

Jadis il était des poètes
Qui acceptaient avec bon coeur
Critiques qui leur étaient faites
Par leurs confrères ou consoeurs !

Ils n'y voyaient aucun outrage
Car leur coeur était grand et bon
Ils ne déversaient pas leur rage
Quand l'un d'eux disait : "dis-moi donc

Quel est le sens de ta pensée
Dans ce vers obscur à mes yeux ?
Si tu veux bien me l'expliquer
J'en serais crois-moi très heureux "

Y avait-il là quelque offense ?
Le poète alors, calmement,
Prenait comme une récompense
Cette attention faite en passant.

Et il répondait à son frère
Dans un grand élan d'amitié,
L'encourageant même, au contraire,
A toujours venir le gronder

Si quelque chose sonnait mal
S'il n'y avait pas de musique
Si quelque vers était bancal
Si le sens était hermétique !

C'est ainsi que tous les poètes -
Qui ont revendiqué ce nom -
Non  point les nabots de salon -
Agissaient et feront. Car cette

Attitude idiote et maniaque
Qui veut que l'on n'accepte pas
Qu'un autre poète "attaque"
(Le terme est fort, excusez-moi)

Ses propres vers, alors qu'en fait
Il ne s'agit que de comprendre...
Cette attitude est désormais
Celle à quoi il faut nous attendre

Si tôt que l'on débarque ici,
Sur ce forum dit d'écriture
Où règne l'Ego sans merci
Pour l'Autre. Et s'il faut bien conclure

Je dirais : à chacun sa lyre
Qu'on se débrouille comme on veut ;
Pour ma part je sais où écrire
Et faire encore des heureux.

Lisette, 18 mars 2007