La peur m'étreint, la peur me prend
Et je rougis même de honte
Quand je regarde cet enfant
Aux yeux lourds, au corps où l'on compte
Sans effort toutes les vertèbres
Telle une lyre aux noirs accords
Accompagnant des chants funèbres
Comme pour annoncer la mort
De cet innocent aux paupières
Qu'il tient fermées pour mieux cacher
Ces insupportables misères
Que le sort vient lui infliger.
Sans pain, sans abri, sans famille
On voit leurs membres tout épars,
Maigres et longs, pauvres brindilles,
Traîner sur le sol, l'air hagard ;
Parfois leurs yeux ont des éclats
Qui vous font dire "mais quel monde !
Par quel miracle n'ai-je pas
Reçu leur destinée immonde ?"
Alors je m'aperçois sans peine
Qu'il est moi comme je suis lui,
Que seul le hasard, dans sa haine,
L'a chargé de tous les ennuis.
Et je me dis qu'il est ailleurs
Des frères humains, et des doubles
De mon corps, mon âme ; et mes pleurs
Sur mes joues, lentement redoublent
Quand je revois ces paysages,
Ces ventres ronds, ces seins meurtris,
Ces corps décharnés aux visages
Sans nez, sans dents, pleurant, flétris...
Amis il faudra qu'on agisse :
Aujourd'hui c'est eux, mais demain
Nul ne connaît le précipice
Où nous irons, peut-être bien.
Europe, Orient, Chine ou Afrique
Nous sommes nés de l'Univers
Et ce pauvre enfant squelettique,
C'est nous-mêmes, mais à l'envers.
Lisette 4 octobre 2007
Ensemble, mobilisons-nous et agissons lors de la journée du 16 octobre, contre la faim dans le monde. Merci pour nos frères qui n'ont pas notre chance.