Bientôt tu sombreras dans le gouffre infernal
Ne comprenant plus rien à ta propre misère
Tel que tu fus sortant du ventre de ta mère
Mal reçu mal compris sous des yeux de chacal
Ne crois pas qu'on te prît pour un enfant divin
Tu n'étais qu'un lambeau de chair un peu vorace
On te donna du lait, et de rire en grimace
On te nourrit l'esprit par des préceptes vains
Et tu grandis alors, sombre et mélancolique
Sans ami ni voisin pour égayer tes jours
Au milieu d'une vie spartiate et sans amour
Sans connaître des Arts la Beauté magnifique
On te dit que la vie c'était la réussite,
Le fric, l'appartement, un job et puis surtout
C'était de contempler sa maman à genoux
Ne jamais la quitter, être son satellite
Et l'on t'apprit longtemps, comme un crapaud qui bave,
Que l'amour n'était rien, et qu'avoir des enfants
Apportait mille ennuis. Et bien évidemment
Que l'homme était le maître et l'épouse l'esclave
Donc tu te marias et la choisis conforme
Aux règles imposées par ce matriarcat
Douce et bonne et naïve, aux talents délicats
Et tu changeas sa vie en une chose informe
Passèrent les années pour devenir terribles,
Tu te gardais toujours d'accepter le réel
Tu voulais du nouveau, du rêve, un autre ciel
Et tu brisas sa vie en cherchant l'impossible
Aujourd'hui tu es las, ou fais semblant de l'être
Tu ne sais pas vraiment qui tu es ni pourquoi
Tu vis sur cette terre et la peur et le froid
Font frissonner ton âme au bord de ta fenêtre
Quand observant défait ton passé qui a fui
Tu cherches ton futur que tu voudrais tranquille
Alors que ton présent incertain se défile
Et glisse entre tes doigts tout englués d'ennui
A jouer double jeu on ouvre trop de portes
Et l'on se trouve un jour en pays étranger
L'ambiguïté n'est pas absente de danger
La rose et l'albatros ignorent les cloportes.
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Lisette 29 avril 2008